dimanche 15 juin 2008

Débris










Un extrait de la musique d'Edouard Artemyev pour Stalker de Tarkovski.

Comme cette mosaïque du grec Sôsos au sol d'une maison à Pergame, asarôtos oikos - chambre non balayée - où sont figurés en trompe-l'oeil les reliefs d'un banquet : coquilles vides, d'oeufs, de crustacés, grappes, dépouillées de leurs grains, os et bogues.

Comme la jonchée de débris, nature morte d'apocalypse détaillée par un long travelling reptile, dans Stalker d'Andréï Tarkovski : sur le dallage inondé et velouté de boue, charpies, brindilles, mousses, rouage et bouteille égueulée, gâchette saupoudrée d'argile sous l'eau lucide et glacée, Saint Jean-Baptiste de Van Eyck, poissons pris au cristal d'un bocal retourné, pièces de monnaie, paysage franco-flamand terre par-dessus ciel, tous insignes d'une culture ruinée ou d'une technique faillie, bercés à peine par le flux et le jusant de quelque inexplicable remous.

Ceci ne s'apparenterait-il pas à cet art du rebut : composer des scories du quotidien un tableau aux irrégularités exquises, aux précieuses rouilles. Ne pas chercher à créer l'unité là où l'écriture ne présente que chaos, désordre de séquences brèves à l'empan débile. Ne pas camoufler les coutures, ne pas couturer même.
Renoncer au fantasme du crime parfait.
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