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jeudi 18 mars 2010

D959

samedi 26 décembre 2009

Wasting time










F. Schubert, Mignon und der Harfner, D 877/1, The Aldeburgh Connection.

(Illustration : RERO)

mercredi 31 décembre 2008

Petr Kral : Notions de base

Déceler la part de grâce et d’inconnu dans le quotidien le plus ordinaire, "le dessin à jamais tremblé de l’existence au gris indistinctement étranger et familier", c'est le propos du poète tchèque Petr Kral. Sous le titre Notions de base, il publiait en 2005 une centaine de courtes "proses", de deux lignes à trois pages, consacrées aux objets et aux situations quotidiennes (la chemise, le train, l’hôtel, la pluie…), pour dire les grâces d’une camaraderie pudique et d’une sexualité inquiète, dire cette "certaine indulgence pour soi-même, pour les choses incorrigibles", nécessaire à la journée réussie selon Peter Handke, explorer les nuances inédites du banal. Comme écrivait Roland Barthes (dont paraîtront en février prochain deux inédits) : "la nuance est littéraire ? Mais je vis selon la littérature, selon les nuances que m’apprend la littérature".
Certains textes sont dédiés à un ami, un confrère, un membre de la famille, comme les miniatures de Gyorgy Kurtag, les duos pour violons de Berio, et ce livre tient du cadeau par sa tonalité simple et sans mièvrerie.
"L’amour ne commence pas par l’enlèvement des effets, il est un glissement continu, à perte de vue, de détail en détail, de la fraîche fourrure du manteau à l’oreille brûlante et du sec grésillement d’un bas à la tiédeur d’une cuisse, que l’amour relie entre eux d’une vague souple pour ressouder brièvement le monde."
L’auteur tchèque écrit directement en français, dans une langue simple et étrange à la fois (une ponctuation plus prosodique que grammaticale), un style léger et pudique, en camaïeu de gris ("il est des gris laconiques et des gris alanguis, des gris élégants et légèrement désolés. Aucun gris, en revanche, ne saurait insister."). Les métaphores sont rares et sobres, et toujours nécessaires.
"De chaque bouteille de vin apparemment vidée, disent les experts, on peut toujours extraire pas moins de trente-deux gouttes, il suffit de prendre le temps nécessaire. Il est vrai – ajoutent-ils – qu’entre la pénultième goutte et la dernière, il faut parfois attendre six heures" : Petr Kral a eu la patience d’extraire des situations ordinaires la sagesse d’un livre souriant.


F. Schubert, Sonate en la majeur D959 (Andantino), par Andreas Staier
(Illustration : huile sur toile de Gerhard Richter)

lundi 6 octobre 2008

Pascal Quignard : Boutès

"Tout sentiment esthétique dans l’âme des bêtes, comme dans celle des hommes, est simplement une rechute."
Plus de dix ans après La Haine de la musique, Pascal Quignard nous livre une nouvelle (la dernière, prétend-il) méditation sur la musique. Autour de la figure de Boutès, l’Argonaute dissident (des-sedeo, se dés-asseoir, nous dit l’auteur) qui céda à l’attrait du chant des Sirènes et se jeta à l’eau, l’auteur déploie un réseau de citations, d’images (l’homme de la grotte de Lascaux, le Plongeur de Paestum) dans un essai résolument poétique qui cite peu les musiciens – seuls sont nommés Messiaen, Scelsi et Schubert, ce dernier promu penseur de "la nudité, du froid et de l’absence de tout secours". La légende raconte que Orphée monte sur le pont du navire et se met à jouer de la lyre pour couvrir le son du chant des Sirènes : comme si la musique se définissait par son rôle conjuratoire, naissait de l’angoisse d’une mort par le retour à l'état amniotique.
Pascal Quignard, c’est dans le même souffle la délicatesse et la crudité, un univers qui balance toujours entre rudesse et poésie chuintée (rappelant ainsi l’œuvre des antiques, la raideur des fresques romaines qui illustraient le Sexe et l’effroi). En dix-sept chapitres de longueur variable, de deux lignes à quelques pages, il scrute les étymologies, mêle contes shintô, citations de Pline et de Lycophron l'Obscur, et fragment autobiographique (l’abandon de la thèse avec Emmanuel Levinas), pour refermer son livre sur la modeste image d’une nature morte hollandaise. Le style enchante par la grâce d’un article indéfini ("vague chaude, nourrissante, apaisante, qui ne retombait jamais. Le corps la buvait comme s’il était un sable."), la simplicité d’une épithète ("couverte des fruits si noirs du lierre, ronde, lourde") et il nous semble entendre Quignard lui-même nous faire une confidence, de sa douce voix un peu stertoreuse. En chemin, l’amateur d’aphorismes glanera quelques pierres pour sa collection :
"La musique ne re-présente rien : elle re-sent. Elle est comme les prénoms quand les prénoms ne font encore que retentir de l’affect."










Marguerite au rouet de Schubert, transcrit par Liszt, sous les doigts du grand Egon Petri.
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