Fini hier soir le roman de Kingsley Amis "La moustache du biographe", avec une pointe de déception. Le style truculent des premiers chapitres (on rit beaucoup dans la première moitié du livre) laisse peu à peu place à un climat plein d'aigreur et d'amertume. Mais même si l'humour vachard tourne parfois un peu à vide ("Une fille [...] vint lui ouvrir, vêtue apparemment d'un morceau de la tapisserie de Bayeux" ; "Gordon monta dans un bus apparemment réservé à des champions ou vice-champions d'une compétition paneuropéenne de laideur"), ce livre offre son lot de bons moments.
C'est dans la satire grinçante du monde des lettres et de son snobisme que la vision de Amis fait le plus mouche. Les dialogues fins et souvent pénétrants rappellent parfois Lubitsch : "Quand tu tiens un sujet, tu ne laisses pas tomber facilement, hein ? C'est un peu fatigant, tu sais. Les gens n'ont pas forcément envie de penser ce qu'il disent."