lundi 23 février 2009

Rien d’objectif ni de visible


Extrait de La Sentinelle (1992), premier long métrage d'Arnaud Desplechin.

"Le bras de fer, où se croisent les deux armes et où s’immobilise le double élan des corps, rapproche, face à face, les deux visages de chair ; que voient, alors, l’un de l’autre, ces deux invisibles ? Rien d’objectif ni de visible ; pourtant, ils voient leur rencontre, puisqu’ils éprouvent la pesée de chaque élan contre l’autre, pesée unique et commune, équilibrée et partagée ; ils voient, de leurs regards toujours invisibles, le vécu de leurs tensions ; la croisée des regards imite ici la croisée des fers – ce qu’ils voient l’un de l’autre consiste en la tension équilibrée des visées, comme deux armes croisées."
Jean-Luc Marion, Prolégomènes à la charité.
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