"L'intelligence apprécie la logique des systèmes mais n'a cure de leurs fondements; or, il n'y a point de systèmes métaphysiques, philosophiques, scientifiques dont l'homme n'ait entrepris de tirer une morale. Comme chaque jour nous nous réjouissons des ascenseurs, des automobiles, des lampes électriques, du chauffage central, plutôt que des grands principes qui en permirent la réalisation, un sens utilitariste, sens universel, flaire, dès quelque apparition nouvelle, une règle de vie adéquate aux goûts humains; des soifs d'âme éternellement supplient qu'on les apaise; la conscience a des cris qui exigent et pourtant elle ne sait guère ce qu'elle veut; ce sont ses hurlements qui la révèlent. Au reste, un désir de se blesser soi-même, de se refouler, de s'isoler, de se meurtrir, rend l'équilibre humain plus impossible que celui d'une pierre dans le vide."
René Crevel, Freud, de l'alchimiste à l'hygiéniste.
(Illustration : El Bibliomata)