
Cependant, sur des pentes désoles, un fouillis d'épines reste sec sous des averses sauvages et continues. Des praticables pourpres ou bistre glissent les uns sur les autres et démasquent des lointains identiques à eux-mêmes, qui s'estompent jusqu'à s'effacer comme reflets infinis dans des miroirs affrontés. Des plans décolorés par l'outrage, striés d'obliques, coupés de fuseaux, de bissectrices, criblés de foudre et de sagaies, sans jamais rien qui rappelle être ou chose. Des espaces raréfiés, des ouvertures simples sur des pans de ciel sans oiseaux ni nuages. Une absence atroce évoque l'extase, la stupeur, fait reculer."
Roger Caillois, Pierres réfléchies.